Ein Projekt des Schweizerischen Gemeindeverbands.
Un projet de l’Association des Communes Suisses.
Un progetto dell’Associazione dei Comuni Svizzeri.

Ateliers et démarches participatifs : des outils à explorer !

13.06.2018

Antoine de Montmollin, Président du Conseil général de la Ville de Neuchâtel

Le thème du manque de confiance de la population dans les autorités politiques est récurrent, en Suisse comme ailleurs. Il en résulte une difficulté manifeste à créer de l’adhésion citoyenne autour d’un projet, en particulier dans le domaine de l’aménagement urbain. Les pouvoirs publics sont-ils dès lors condamnés à attendre que la perception générale de la politique au sein de la population s’améliore pour proposer des projets ambitieux ? En Ville de Neuchâtel, une solution alternative est exploitée : celle des ateliers et démarches participatifs.


Le désintérêt, voire la méfiance, d’une partie de la population à l’encontre de ce qui se rapporte de près ou de loin à la politique et, à plus forte raison, face aux Autorités en place est une réalité, y compris dans les communes suisses. Cela se manifeste entre autres par des taux d’abstentionnisme élevés lors des votations et par le sentiment global que les projets émanant des administrations ou du monde politique sont pensés pour une élite plutôt que pour l’ensemble des citoyens. Il suffit de jeter un coup d’œil à la composition du monde politique pour comprendre une des causes majeures de cette situation : la population ne s’estime pas représentée par ceux qui gouvernent, et en un sens ce sentiment est justifié. Les jeunes, les femmes, les personnes issues de la migration et celles de condition modeste y sont largement sous-représentés. C’est certainement l’un des aspects les moins reluisants du système démocratique suisse que nous chérissons tant. Il n’existe pas de solution miracle à ce problème… et quelles que soient les démarches entreprises pour la résoudre, cela prendra du temps.

Partant du constat décrit ci-dessus et de l’impossibilité d’un vaste renouvellement de la classe politique à court terme, que peuvent entreprendre les pouvoirs publics pour qu’une plus large partie de population soit et se sente acteur des projets développés dans nos communes ? En Ville de Neuchâtel comme ailleurs probablement, l’aménagement du territoire et en particulier urbain est l’un des domaines où le fossé entre la population et élus se manifeste le plus clairement. Les scénarios de l’échec se ressemblent bien souvent : un nouvel aménagement urbain pensé par des spécialistes est proposé par l’exécutif, il est plébiscité par l’organe législatif de la commune qui en perçoit les avantages et la pertinence, puis celui-ci est balayé en campagne populaire suite à un référendum. La raison ? Bien souvent, tant le monde politique que l’administration n’ont pas su comprendre et apporter des réponses simples aux principales préoccupations de la population. Conceptuellement, le nouvel aménagement sonne juste, mais il est difficile de se l’approprier, d’en voir les effets concrets et la plus-value qu’il pourrait amener à la vie de tous les jours. Pour éviter cette situation, la Ville de Neuchâtel organise fréquemment des ateliers participatifs avant la finalisation du projet, lors desquels la population est invitée à commenter, questionner et faire part de ses suggestions.

Le concept « d’ateliers participatifs » est souple et peut s’appliquer à différents stades d’un projet. Au moment d’initier une démarche par exemple, avec pour but de d’entendre les besoins de la population, ce qu’elle veut voir changer par rapport à la situation actuelle et ce qu’elle désirer au contraire à tout prix conserver. Au cours du développement du projet, pour permettre de l’améliorer progressivement, de manière à ce que les maquettes présentées à la population intègrent au mieux ses attentes. Ou dans sa version presque définitive, si l’on désire cibler les apports participatifs sur des points qui peuvent sembler anecdotiques au niveau politique mais perçus comme essentiels par une partie de la population, comme par exemple le type de mobilier urbain ou l’essence des arbres. Les « ateliers participatifs » peuvent revêtir différentes formes : présentation publique du projet avec discussion, exposition ad hoc avec possibilité de laisser des suggestions sous forme écrite, échange de vues en petits groupes sur inscription,…chacune avec ses avantages et inconvénients. Le but est de permettre au citoyen d’être directement au contact d’un projet, d’inclure son point de vue et dépasser ainsi la défiance qui existe parfois au sein de la population envers les autorités. Ce type de démarche s’applique particulièrement bien aux projets d’une certaine importance et rencontre souvent un réel succès : la population aime donner son avis, surtout si elle peut le faire de manière simple, et spontanée .

La volonté de faire participer la population ne doit cependant pas noyer les différents projets ou se transformer en un exercice de communication récurrent. C’est bien le risque : à force de consulter, le pouvoir public peut perdre l’habitude de décider et les projets s’enliser peu à peu. De même, inviter les citoyens à s’exprimer pour que le projet final n’intègre aucune de leurs remarques ou idées ne fera que le fragiliser. Les règles doivent au contraire être clairement définies et la participation ciblée ; les éléments sur lesquels les citoyens n’ont pas d’emprise lors de la consultation doivent être clairement définis. De leurs côtés, les autorités politiques et les administrations doivent être prêtes à entendre la population et faire évoluer leur position.

Il reste encore bien des étapes avant que différentes versions « d’ateliers participatifs » efficaces puissent être identifiées, répliquées et documentées. Pour l’heure, aux autorités politiques d’utiliser ces démarches participatives avec intelligence et d’essayer d’en tirer des enseignements sur les bonnes et mauvaises pratiques dans le domaine. Espérons que les communes suisses sauront collaborer dans cet esprit !


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